En ces temps de confinement, Shindo Claude Hervé nous propose un temps de méditation, ensemble dans notre sublime solitude.
Nous définissons encore les modalités de mise en place, et en particulier étudions un moyen technique de nous retrouver ensemble malgré la séparation.
Ce moment prendra place le samedi matin de 09h30 à 10h00.
Les adhérents du dojo recevrons bientôt un sms ou un mail les informant des modalités relatives à ce moment.
En attendant, nous avons mis sur cette page, les deux textes envoyés par Taiun Jean Pierre Faure, Abbé de Kanshoji aux adhérents de l’AZK. Ces textes sont de précieux moments de réconforts et donnent des pistes et des conseils pour mieux appréhender le confinement.
Gassho.
Kanshoji, le 25 mars 2020
Chers amis,
Vous avez apprécié la dernière lettre que je vous ai envoyée ; merci pour vos marques d’encouragement. Je voudrais aujourd’hui ajouter quelques petits conseils.
Comme le confinement semble devoir durer plus longtemps que prévu, nous ne pouvons pas nous considérer en vacances et nous laisser aller au farniente. C’est un moment très important pour réfléchir au sens de la vie, voir les erreurs que nous commettons depuis si longtemps et prendre conscience d’un changement de direction inévitable à opérer dans le futur. Bannir tout désœuvrement pour vivre au mieux l’instant présent demande d’accepter une discipline, de se donner un emploi du temps et de ne pas y déroger.
Grâce à la pratique, chaque instant de notre vie remplit sa vocation : il nous amène à l’oubli de soi, à la paix, à l’amour, à Bouddha. Dans notre situation actuelle de confinés, nous pouvons plus que jamais réaliser notre vœu de bodhisattva, nous éloigner de la peur, du désespoir et faire preuve de gratitude envers tous ceux qui luttent contre le maladie et travaillent pour nous.
À ce sujet, voici quelques idées :
- Pratiquez régulièrement et quotidiennement, à heure fixe, un zazen de 20 mn, le matin et/ou le soir.
- Installez un petit autel avec une statuette du Bouddha et un pot de cendre (ou de grains de riz), placé en hauteur devant lequel, après avoir planté un encens, vous faites gasshô. Ce geste n’a l’air de rien, mais il influencera votre esprit et vous aidera.
- Dans chaque action de la vie quotidienne, essayez autant que possible de garder le corps et l’esprit en unité, de prendre la posture juste du corps-esprit.
- Enfin, lire des enseignements du Bouddha ou des maîtres zen est très édifiant pour notre esprit. Comme vous avez du temps, n’hésitez pas à les lire et à les relire, voire jusqu’à les savoir par cœur ; et surtout méditezdessus, encore et encore.
Je vous souhaite une bonne pratique pour faire face à la situation en toute sérénité.
Amitiés,
Gasshô,
Kanshoji, le 17 mars 2020
Chers amis,
Nous voici au début de la pandémie qui ne cesse de se développer. Les autorités nous demandent à juste titre de fonctionner dans ces moments difficiles avec un esprit civique, c’est-à-dire profondément responsable. Elles nous demandent donc de tout faire pour freiner et éviter la propagation du virus.
À Kanshoji, nous sommes en confinement total depuis dix jours, coupés du reste du monde, respectant avec exigence les consignes données par les autorités médicales.
Pour nous c’est facile, le ango continue et nous vivons à 35, pratiquant du matin au soir avec un esprit libre et heureux.
Je pense que pour vous c’est bien plus difficile, car vous vivez dans la société et devez faire des choix souvent contraignants à chaque instant. D’autant que je vous conseillerai vivement de fermer les dojos où vous pratiquez.
Bien sûr la Voie du Bouddha concerne toutes les situations, particulièrement dans le confinement : nous devons nous priver de relations amicales et affectives, nous vivons dans un climat assez anxiogène et nous sommes souvent seuls face à nous-même et à des choix difficiles. Et donc, plus que jamais, la pratique de l’éveil est nécessaire.
Voilà pourquoi je vous conseillerai de vous asseoir en zazen au début et à la fin de votre journée. De rester en contact avec la sangha et avec Kanshoji – et s’il se pose à vous des questions existentielles profondes, j’y répondrai au mieux.
Comme a pu le dire Nietzsche : « Tout ce qui ne me tue pas me nourrit et me fait grandir. »
Sur ce point, le zen est en accord avec le philosophe.
En fait, c’est une grande opportunité pour chacun de nous et pour la société toute entière, de revisiter nos modes de vie, notre façon de consommer, notre façon de partager – en un mot : de vivre en unité avec cette réalité toujours neuve qui se présente ici sous une forme exigeante.
En attendant, prenez bien soin de vous et de vos proches,
Taiun Faure.